Une solution aux montagnes russes de la glycémie
Une solution aux montagnes russes de la glycémie

Pour les quelque 250?000 Canadiens vivant avec le diabète de type 1, le combat permanent pour la stabilisation de la glycémie pourrait bientôt être chose du passé. Une équipe de recherche de la Faculté de médecine de l’Université McGill travaille en effet à optimiser un pancréas artificiel promettant de minimiser les fluctuations extrêmes du taux de glucose sanguin qui nuisent à la qualité de vie des patients et entraînent des complications à long terme.

Des pompes à insulines intelligentes

En usage depuis plus de 30 ans, les pompes à insuline portatives permettent aux personnes diabétiques d’établir manuellement la quantité d’insuline injectée dans leur système sanguin. Pour déterminer la dose optimale, la mesure de la glycémie par piqûre au bout du doigt est toujours la méthode la plus courante, mais les capteurs automatisés sont de plus en plus populaires. Or, même avec ce type d’appareil, les cibles de glycémie sont atteintes en moyenne moins de 50 % du temps. Résultat : les patients passent la majeure partie de la journée soit en hyperglycémie, un état qui cause des maux de tête et de la faiblesse, ou en hypoglycémie, avec à la clé étourdissements, confusion et difficultés à s’exprimer.

Le professeur adjoint Ahmad Haidar a commencé ses études doctorales à l’Université McGill au moment même où les lecteurs de glycémie automatisés arrivaient sur le marché. «?C’était la plus heureuse coïncidence de ma vie, parce que c’est le capteur automatisé qui a rendu possible la création d’un système de pancréas artificiel?», dit le chercheur. Tablant sur son expérience en génie des contrôles automatiques, le Pr Haidar a conçu un algorithme qui indique à la pompe combien d’insuline injecter, en fonction de la lecture entrée par l’utilisateur. Il s’est ensuite associé avec trois cliniciens de la Faculté de médecine de McGill – les docteurs Laurent Legault, Michael Tsoukas et Jean-François Yale – pour former le Laboratoire du pancréas artificiel de McGill. Réunissant 12 chercheurs à temps plein et 45 à temps partiel, leur équipe est la seule au Canada à développer des systèmes de pancréas artificiel.

Des avancées pour améliorer la qualité de vie

Dans une étude récente publiée dans Diabetes Care, l’équipe du laboratoire présente une percée dans la compréhension de l’efficacité des systèmes de pancréas artificiel. Grâce à un financement de la Fondation de la recherche sur le diabète juvénile, le groupe a mis à l’essai l’administration d’une deuxième hormone, le pramlintide, en plus de l’insuline, dans l’espoir que les médicaments combinés donnent des résultats supérieurs à l’insuline seule. L’étude a révélé que cette méthode augmentait de façon significative la proportion du temps où la glycémie des patients demeurait dans l’intervalle cible. Le pramlintide, en ralentissant l’absorption des aliments, donnait plus de temps à l’insuline pour agir.

«?Les résultats m’ont étonné : je ne m’attendais pas à ce qu’ils soient aussi positifs?», admet le Pr Haidar. Les patients qui ont reçu de l’insuline et du pramlintide durant l’étude se sont déclarés très satisfaits du nouveau régime thérapeutique. «?En leur permettant de mieux contrôler leur glycémie, on améliore grandement leur qualité de vie?», explique le chercheur.

Pour le Laboratoire du pancréas artificiel de McGill, le prochain grand défi consiste à créer un pancréas artificiel entièrement automatisé, qui éliminerait les étapes d’entrée manuelle des quantités de glucides et d’activation de la pompe à insuline au moment des repas. «?Le développement de cette technologie de deuxième génération suscite énormément d’intérêt chez les patients?», indique le Pr Haidar. En travaillant à perfectionner le système de pancréas artificiel, le chercheur pense à ses collègues vivant avec le diabète de type 1 et aux patients qu’il rencontre au quotidien. «?Je suis optimiste pour la suite des choses?», conclut-il. «?Nous travaillons pour que nos recherches aient un impact bien au-delà de notre laboratoire.?»

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