Ce lundi 15 novembre, la Vice-Première ministre et ministre des Affaires étrangères, Sophie Wilmès, s’est réunie avec ses homologues européens à Bruxelles pour un Conseil des Affaires étrangères (CAE). Au menu des discussions se retrouvaient, entre autres, les situations au Bélarus, en Éthiopie, au Sahel et dans les Balkans occidentaux. Les ministres ont également exprimé leur soutien sans équivoque au traité de non-prolifération (TNP).
Bélarus
Le Conseil a mis particulièrement l’accent sur la situation humanitaire précaire dans la région frontalière entre le Bélarus et la Pologne, où plusieurs milliers de personnes sont maintenues dans des conditions effroyables. La Belgique a déjà dénoncé avec force cette instrumentalisation de la migration par le régime du président Loukachenko.
Sophie Wilmes : « la façon dont le régime joue avec la vie de milliers de personnes – y compris de jeunes enfants – à des fins purement politiques est criminelle et totalement inacceptable. C’est pourquoi la Belgique a fait partie, très vite, des pays soutenant l’élaboration d’un nouveau train de sanctions visant notamment celles et ceux qui facilitent le franchissement illégal des frontières. Pour notre pays, un accord politique sur ce nouveau paquet de sanctions devait être conclu le plus rapidement possible. C’est désormais le cas. »
Notre pays réitère également sa solidarité envers les États- membres en première ligne et les migrants qui sont les victimes de cette instrumentalisation. Pour la Belgique, cette solidarité doit s’accompagner d’un engagement européen sur le terrain grâce à l’expertise de l’agence européenne Frontex. « La politique frontalière doit toujours être conforme au droit international et au droit d’asile. Les organisations humanitaires doivent donc avoir un accès urgent à la zone frontalière afin de venir en aide aux migrants », a déclaré Sophie Wilmès. Notre pays demande également que des avancées soient réalisées dans l’adoption du nouveau Pacte européen sur la Migration et l’Asile ; pacte qui constitue une solution structurelle aux crises migratoires.
Éthiopie
Le Conseil a également fait le point sur les récents développements en Éthiopie, avec un regard sur le rapport du Haut-Commissariat des Nations unies aux Droits de l’Homme (HCDH) et de la Commission éthiopienne des Droits de l’Homme qui décrit une « extrême violence » de la part de toutes les parties du conflit, qui ont toutes commis des violations très graves, qui – les enquêtes doivent maintenant le démontrer – pourraient éventuellement être qualifiées de crimes contre l’humanité ou de crimes de guerre.
Pour notre pays, un cessez-le-feu inconditionnel et immédiat est désormais la priorité absolue. La solution sera politique, et les autorités éthiopiennes doivent y participer. La Belgique soutient l’initiative de médiation du Haut-Représentant de l’Union africaine, M. Obasajno. Notre pays reste également très inquiet du blocus de fait contre l’aide humanitaire, ce qui revient à utiliser la faim comme arme de guerre. C’est pourquoi la Belgique soutient la mise en place de sanctions.
Sophie Wilmès : « le rapport du Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme – une longue liste d’atrocités perpétrées contre des citoyens; hommes, femmes et enfants – en appelle à des actions immédiates. Nous devons commencer dès maintenant à préparer des sanctions pour les personnes directement responsables de ces crimes de guerre et de ces crimes contre l’humanité. L’UE a mis en place un régime de sanctions en matière de droits humains. Utilisons-le. »
Par la voie de sa Vice-Première ministre, notre pays a aussi demandé un travail collégial sur un plan d’urgence, tirant les leçons de la récente crise en Afghanistan. « Il est crucial de se préparer au pire et de travailler ensemble à un plan d’urgence européen qui garantisse la sécurité de nos concitoyens et des missions diplomatiques sur place. » Pendant la crise afghane, la Belgique a demandé à plusieurs reprises que la gestion consulaire des crises soit mieux coordonnée au niveau européen.
Sahel
Pendant cette réunion, la situation au Sahel a été examinée, en particulier par rapport à l’évolution de la transition politique en cours au Mali et sur les informations faisant état d’un éventuel accord de coopération entre les autorités de la transition maliennes et le groupe privé paramilitaire russe Wagner. Notre pays a réitéré auprès des membres du conseil le besoin urgent d’un sursaut civil et politique ainsi que de réformes structurelles au Mali. Considérer l’utilisation de mercenaires va à l’encontre de toutes les priorités pour la région, notamment en termes de bonne gouvernance, de responsabilité, de respect des droits humains, de lutte contre l’impunité et de défense l’État de droit. « Nous devons donc intensifier le dialogue et continuer nos démarches auprès des autorités maliennes et des pays voisins, sur la base de ces priorités. Le prochain sommet de la coalition Sahel (en principe avant la fin de l’année) est le prochain rendez-vous pour faire le point sur nos leviers politiques. Tout indique désormais que les élections initialement prévues en février 2022 seront reportées. L’adoption de sanctions doit donc être envisagée de manière concrète », a déclaré Sophie Wilmès.
Balkans occidentaux
Les ministres des Affaires étrangères de l’UE ont également abordé la situation politique dans les Balkans occidentaux. Les discussions ont porté sur la nécessité de continuer de leur montrer l’engagement de l’Europe à leur égard et sur l’importance de programmes de réformes dans ces pays. Le Conseil s’inquiète par contre de l’augmentation des tensions dans la région ces derniers mois.
Sophie Wilmès, en tant que Présidente du Benelux : « en ce qui concerne le dialogue Belgrade-Pristina, notre Envoyé spécial de l’UE, M. Lajčák, a tout notre soutien pour continuer à désamorcer les tensions entre la Serbie et le Kosovo et pour trouver des solutions durables entre les deux pays voisins. En ce qui concerne la Bosnie-Herzégovine, les actions récentes de certains dirigeants politiques entraînent une déstabilisation supplémentaire. Le Benelux estime que l’UE doit communiquer très clairement lorsque la souveraineté et l’intégrité territoriale du pays sont remises en question et lorsque les politiciens sèment la discorde. »